Le stress vous plonge dans une sensation de brouillard mental ? Encore deux heures à travailler sur le dossier Durand mais une fatigue vous  plombe complètement le cerveau et vous ne rêvez que de piquer un petit somme ? Vous sentez une angoisse soudaine vous oppresser la  poitrine? Vite, offrez-vous un remède miraculeux et gratuit: bâillez !

L’idée peut vous sembler totalement saugrenue, mais apprenez que de très sérieux neuroscientifiques de multiples instituts de neuropsychologie par le monde (comme   l’Université de Pennsylvanie aux USA ou l’Institute of Neurology de Londres) ont étudié l’action du bâillement sur le cerveau. Il apparaît que ce « comportement », que l’on associait jusqu’à présent à un besoin urgent de sommeil, active en fait une zone bien précise du cerveau, joliment dénommée « précuneus », située dans le lobe pariétal (en rose dans le schéma ci-contre).

Ce  precuneus  joue un rôle fondamental dans la conscience, l’image de soi, la mémorisation, la concentration, l’interaction sociale et plus particulièrement la capacité d’empathie, envers les autres comme envers soi-même.

L’imagerie médicale a ainsi montré que des sujets pratiquant la méditation profonde activent directement cette zone de leur cerveau, ce qui pourrait expliquer la dimension de conscience élargie procurée par l’état méditatif. Or le bâillement volontaire active le precuneus  dans les mêmes proportions, avec les mêmes effets qu’une séance de méditation ….

Le bâillement déclenche dans le cerveau la production de neurotransmetteurs tels que dopamine, sérotonine,GABA, mais aussi des molécules chimiques naturelles comme l’acétylcholine, l’ocytocine (également appelée « hormone de l’amour »….),des peptides opiacés anti-douleurs… Bref, tout un cocktail favorable à la relaxation, au bien-être, au plaisir et à l’empathie.

Par ailleurs, il semble que le precuneus soit tout particulièrement touché par les maladies dégénératives liées à l’âge et par les problèmes de déficit de l’attention. Les neuropsychologues pensent donc que bâiller volontairement de manière très régulière pourrait permettre de renforcer le precuneus et donc de prévenir certains troubles. Une « gym-cerveau », en quelque sorte !

       A toute heure du jour….et de la nuit

Les indications du bâillement volontaire sont donc multiples. Bâillez en vous levant pour booster votre cerveau et lui permettre de se préparer à votre journée. Bâillez quand vous vous sentez stressé ou submergé émotionnellement. Bâillez avant une discussion que vous pressentez comme houleuse. Vous avez peur de manquer votre avion ? Bâillez dans le taxi qui vous emmène à l’aéroport. Votre patron vous sort par les yeux ? Votre belle-mère débarque à l’improviste, ou votre ado vous fait encore une de ses crises de mauvaise volonté dont il a le secret ? Bâillez.  Du mal à vous concentrer au volant, ou pour cet examen si important? Je vous laisse deviner ce qui vous reste à faire…. Idem si l’insomnie vous gagne : lancez vous dans une série de bâillements, et la relaxation induite vous permettra de retourner dans les bras de Morphée.

Le bâillement vous aidera également à méditer ou à prier avec le cœur, car il donnera plus d’intensité à votre expérience spirituelle. Dans mes séminaires de mouvement corporel, je fais très souvent bâiller mes participants, ce qui leur permet de se relier plus facilement à leur profondeur.

Vous savez déjà le faire !                              

L’avantage avec le bâillement, c’est que vous le pratiquez déjà à merveille. Aucune nouvelle compétence compliquée à apprendre, donc, sauf que là vous allez le faire délibérément.

La seule difficulté réside dans le fait que socialement, dans notre société, le bâillement est souvent considéré comme incorrect. Ouvrir largement sa bouche en public relève, pour certaines personnes, de la pire des impolitesses voire d’une obscénité.

Ceci étant posé, au vu de la liste des bénéfices concrets que vous en retirerez dès que vous l’aurez expérimenté, il y a fort à parier que vous dépasserez bien vite ce tabou ridicule !

      Bâillement, mode d’emploi

Première chose : bâillez, même si vous n’en ressentez pas l’envie ! Peu importe que cela vous semble ridicule, complètement stupide voire carrément bizarre. La seule chose que vous avez à faire est de bâiller au minimum 10 fois d’affilée.

Prenez une inspiration profonde, puis ouvrez grand la bouche en expirant dans un laaaaarge bâillement. N’hésitez pas à laisser sortir un son si cela vous semble juste (quelque chose dans le genre de « Aaaaaaahhhhh…. » par exemple). A la fin du premier bâillement, à nouveau vous inspirez profondément, puis bâillez comme précédemment.

Au début, vous aurez peut-être davantage l’impression de faire du mime que d’y « arriver » réellement. Persévérez ! Vous verrez qu’en général, à partir du cinquième bâillement forcé, votre corps va adorer cela et va s’y mettre de lui-même.

Les meilleurs résultats sont obtenus à partir du 10^ème bâillement. Ce qui vous prendra, au bas mot, approximativement 2 minutes de votre précieux temps. Mais rien ne vous empêche de continuer bien au-delà !

Au fait…combien de fois déjà avez-vous bâillé en lisant cet article et en regardant ces photos ? ;-)